12/03/2008

Cheng Chang

Cheng Chang est un jeune homme de 22 ans originaire de Pékin. Il est actuellement en seconde année à l’École Centrale Marseille. Son père est directeur de département à l’Office national chinois du pétrole.

Je suis issu du lycée Nankai, à Tianjin. C’est ce que vous appelez un « lycée de prestige » dont l’entrée est très sélective. Ensuite je suis entré à l’université de Shanghai, en électronique. Je ne connaissais ni l’École Centrale, ni la France lorsqu’on est venu nous parler de participation aux échanges internationaux. Alors je me suis dit « pourquoi ne pas essayer ? » Je ne savais pas du tout parler le français, parce qu’en Chine on se tourne plus facilement vers la langue japonaise ou les langues asisatiques à cause des similitudes. Puis j’ai décroché une bourse Eiffel, ce qui m’a beaucoup aidé. J’ai ensuite appris le français… en France.
Vu depuis la Chine, la France est un pays développé, c’est l’image que je m’en faisais. Mais maintenant que j’y suis, je m’aperçois que certaines villes en Chine sont au moins l’équivalent de villes françaises. C’est la première fois que je sors de mon pays et mes parents, qui ont toujours cette image de la France, croient que je m’amuse tout le temps ! Aujourd’hui que j’ai une vision plus approfondie de votre pays, je commence à distinguer les différences et la diversité comme par exemple entre Marseille et Paris.
Les Jeux Olympiques ? Malheureusement je ne pourrais pas y assister alors que je suis de Pékin et que j’adore le basket. Nous avons un joueur très populaire dans cette discipline, je devrais le voir à la TV. Ce que les J.-O. vont nous apporter : le remaniement et la réhabilitation de quartiers de Pékin. Le gouvernement construit de nombreux bâtiments et développe la ville. Il y a aussi le secteur de l’environnement, avec une meilleure qualité de vie. Mais également le fait que l’on va faire découvrir notre ville et notre pays à de nombreux étrangers.
Ce que je pense de la politique en France ? Et bien l’an dernier, pour moi, c’était une toute nouvelle expérience avec l’élection de votre président. Tout le monde devait aller voter, il y avait des débats à la TV, chacun présentait son programme : ça c’est bien.
Pourquoi il n’y a pas de vote (suffrage universel) en Chine ? Parce que c’est un cas particulier. Avec ses 1,5 milliards d’habitants, dont une majorité dans les campagnes, ce serait très compliqué. De plus beaucoup d’habitants ne sont pas assez cultivés pour voter et choisir. C’est pourquoi il n’y a de vote que dans la hiérarchie.
Vous me demandez si j’ai conscience qu’un jour je pourrais être moi-même choisi pour prendre des responsabilités politiques en Chine en raison de mon niveau intellectuel ? Non, non, je ne veux pas. C’est un choix personnel, je n’ai pas envie d’entrer dans la responsabilité politique. Je préfère un autre choix de vie…
Mon avenir après le diplôme de Centrale ? Je compte me diriger vers la finance. De préférence en Chine parce que trouver du travail en France c’est extrêmement difficile, peut être à cause de la difficulté de la langue. Je le constate actuellement avec la recherche de mon stage.
Propos recueilli par Georges Gianadda